Nouvelles publications en ligne de Serge Sur

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Défis et avenir de la coopération internationale
Ramses 2018, p. 62-67.

La coopération internationale est fondamentalement une coopération entre Etats. Sans doute d’autres formes de coopération impliquant des acteurs internationaux non étatiques se sont-elles développées au cours des décennies récentes, qu’il s’agisse de firmes transnationales ou d’ONG de diverses natures, mais pour les qualifier on recourt à d’autres termes, tels que la transnationalisation des relations internationales, voire la dynamique de la société civile internationale. Outre que ce type de relations non étatiques conserve toujours la présence des Etats en arrière-plan, même si parfois elle peut les concurrencer, l’essentiel des rapports internationaux demeure dominé ou médiatisé par les Etats, et en leur sein par les gouvernements. Parler de coopération entre eux revient à s’interroger sur les données contemporaines et prévisibles de leurs relations diplomatiques et de leurs fruits.

Veto : votez contre !
Dictionnaire des idées reçues en droit international, Pedone, 2017, p. 593-598.

Le « droit de veto » n’a pas bonne presse. On pense bien sûr aux modalités du vote au sein du Conseil de sécurité, au statut particulier reconnu aux cinq membres permanents qui leur permet de s’opposer en son sein à l’adoption de toute résolution de fond. Inégalité structurelle entre les membres de l’Organisation, paralysie de l’institution, prédominance d’intérêts nationaux étroits sur la sécurité collective, l’immoralité et l’injustice vont de pair avec l’inefficacité et la frustration. Contradiction aussi entre la toute puissance théorique du Conseil et sa trop fréquente impuissance pratique. Aussi bien le remède est simple, et une large partie de la doctrine rejoint la grande majorité des Etats membres : abolir le « droit de veto » serait une mesure de justice et d’amour – de justice entre Etats et d’amour de la paix et de la sécurité internationales pour tous.

Lutter contre le terrorisme par le droit : Le puzzle et le caméléon
Conclusions à Sylvain Jacopin, Aurélie Tardieu, La lutte contre le terrorisme, Pedone, 2017, p. 299-309.

La lutte contre le terrorisme international est entre autres dimensions une question de politique juridique des Etats. Comment l’ordre juridique international, comment les différents ordres internes, sont-ils impactés par le phénomène terroriste, et comment réagissent-ils contre lui ? Quels outils, quelles contraintes, quels types de modifications ou d’altérations sont nécessaires face à une menace indifférenciée, mobile, diffuse, démultipliée, asymétrique et meurtrière ? Le défi qu’elle soulève en attaquant les populations civiles ou des agents publics met en cause l’autorité de l’Etat et son obligation fondamentale de maintien de l’ordre public sur son territoire. C’est à la fois un défi sécuritaire et un défi judiciaire, puisque des crimes sont commis qui appellent action pénale. La sécurité publique doit être rétablie par les moyens appropriés, et l’atteinte à l’ordre juridique réprimée par des sanctions pénales. Cela est aussi le cas sur le plan international. L’approche juridique du terrorisme comporte donc deux branches complémentaires, parfois associées parfois en conflit, entre une approche judiciaire et une approche sécuritaire. La première est plus étroite, répressive, assurée par des juges indépendants. La seconde est plus large, à la fois préventive et coercitive, et dépend des autorités exécutives. L’une arrive après la bataille, l’autre s’efforce de l’éviter.

Comancheria de David Mackenzie : un regard prémonitoire sur l’Amérique de Donald Trump
Questions internationales, n° 87, septembre-octobre 2017, p. 119-122.

Ce Film américain de David Mackenzie, sur un scénario de Taylor Sheridan, Comancheria (titre original Hell or High Water), est sorti en 2016, quelques mois avant l’élection de Donald Trump. Il semble déjà correspondre à l’Amérique qui l’a élu, un pays abandonné, loin de tout, livré à l’anomie et à la violence, avec un sourd ressentiment contre le monde extérieur, révolté contre la prédation de la finance. C’est le fameux Overfly Country, celui que survolent de très haut les passagers aériens des métropoles entre la côte Est et la côte Ouest, l’Amérique pauvre, rurale, vernaculaire, peu peuplée, sans avenir et sans espoir, mais proie immémoriale pour la cupidité extérieure. Le contexte est celui de la Grande Récession après la crise des subprimes. L’œuvre, servie par une intrigue classique de thriller, mélange habilement plusieurs genres du cinéma d’outre-Atlantique. Son originalité, relative puisque assez fréquente dans le cinéma contemporain, est de ne pas choisir entre des héros positifs ou négatifs, de maintenir une morale de l’ambiguïté qui en définitive rassemble tous les protagonistes sous le poids d’une fatalité commune.