Introduction – THEORIES ET DOCTRINES DE SECURITE

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L’Union européenne (UE) se place parmi les grands ensembles mondiaux. Sa superficie est de 4 370 000 km² et sa population atteint pratiquement les 500 millions d’habitants. Depuis 2004, l’Union européenne a accueilli 12 nouveaux entrants, doublant pratiquement le nombre de ses membres. Elle est devenue ainsi moins atlantique et plus slave, mais reste très maritime avec 67 000 km de côtes et sept capitales d’Etats membres qui se trouvent sur le littoral, tandis que la mer Noire est une nouvelle frontière de l’Union européenne depuis l’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie en 2007. Enfin, l’UE est présente sur plusieurs continents et à cet égard possède une plus grande frontière avec le Brésil (730 km) qu’avec la Turquie (450 km). Le poids économique de l’Union est également impressionnant : les Vingt-Sept avaient, en 2007, un PNB cumulé qui, selon la Banque mondiale, représentait 22,4 % du PNB mondial, la plaçant ainsi en tête du classement mondial avant les Etats-Unis et loin devant la Chine (10,8 %) et le Japon (6,6 %), tandis que la Fédération de Russie ne comptait que pour 3,2 % du total.

Malgré ces réalités géopolitiques et économiques, l’UE éprouve d’énormes difficultés à définir et affirmer son rôle comme pôle de puissance. C’est en particulier le cas pour l’Afghanistan, où plusieurs milliers de soldats européens sont engagés sous la bannière de la FIAS et commencent à payer le prix du sang, comme l’a montré l’embuscade qui a coûté la vie à plusieurs parachutistes français en août 2008. Cet engagement devrait s’accroître sous la pression de l’administration de Barack Obama. Pourvoyeurs d’hommes, les Européens sont pourtant largement dépourvus de moyens tant diplomatiques que militaires pour peser sur une situation dont le périmètre de crise ne fait que s’élargir.

Lors de son dernier discours en tant que conseiller pour la sécurité nationale (NSC) de George Bush, Stephen Hadley[[Discours au CSIS, 7 janv. 2009.]], a ainsi affirmé qu’un des principaux défis qui attendaient l’administration Obama était la stabilisation du Pakistan. Ce dernier joue un rôle de plus en plus important dans la partie complexe qui se joue en Afghanistan, avec le rôle des zones frontières pakistanaises de plus en plus poreuses ; il maintient une stratégie de tension avec l’Inde qui pourrait dégénérer en conflit ouvert ; enfin, en tant qu’Etat doté d’armes nucléaires, il pourrait menacer de les utiliser face à son grand voisin oriental ou, pire, certaines de ses armes pourraient finir par échouer entre des mains terroristes. Le problème est que, si les Américains et leurs alliés européens réussissent dans la dimension « cinétique » du conflit et continuent à engranger des succès tactiques, rien ne garantit qu’ils puissent aller au-delà. En fait, les Occidentaux sont confrontés dans la zone Afghanistan-Pakistan à un ensemble géopolitique qui connaît, depuis des lustres, des turbulences et affrontements. Un espace où l’attentat est devenu un mode normal de régulation des conflits. Un espace où la foi dans l’Islam le plus rigoriste fait sortir le conflit de toute rationalité. Un espace où, enfin, les autorités pakistanaises peuvent fluctuer avec une grande ampleur dans leur soutien aux Américains et à leurs alliés. Autrement dit, les Européens risquent d’être entraînés dans une spirale d’événements dont ils contrôleront de moins en moins les tenants et les aboutissants. Raison de plus pour espérer que la Politique européenne de sécurité et de défense finira enfin par émerger de la situation extrêmement confuse où se trouve la construction européenne.