Production d’artefacts et ingénierie sociale – Les institutions internationales comme agents paradigmatiques

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Résumé Si, pour paraphraser Ellul, la technique forme sans aucun doute l’enjeu majeur de ce siècle finissant, il est plus que probable que ce sera encore davantage le cas au prochain millénaire. La tâche primordiale, à laquelle les sciences humaines ne se consacrent, de façon systématique, que depuis cinquante ans environ, consiste à en comprendre la nature et les implications sociétales et politiques. Rejetant l’idée déterministe de la technique comme fatalité ou comme Gestell, nous nous proposons de l’appréhender plutôt comme une construction sociale mettant en jeu des acteurs mus par des intérêts et des idéologies spécifiques. Tout nouvel artefact – du téléphone portable aux thérapies géniques – se présente donc comme le fruit d’une configuration particulière qu’il convient de reconstruire. Mais au-delà même de la diversité des processus de production d’artefacts singuliers se profilent quelques traits communs, véritables structures d’encadrement, ou paradigmes, qui en définissent les conditions de possibilité, c’est-à-dire l’horizon du politiquement souhaitable et du techniquement possible. Or, on le sait, les changements paradigmatiques ne s’opèrent que lentement sur la longue durée. C’est à l’examen d’un tel changement que le présent texte sera consacré, à savoir : la transition, encore inachevée, du paradigme fordiste de production d’artefacts vers un nouveau paradigme dont les contours se balisent progressivement bien que la géométrie d’ensemble fasse encore l’objet de luttes et de négociations entre les acteurs sociaux. – Le sommaire de l’AFRI 2000