Les retrouvailles de la diplomatie et du renseignement dans la lutte contre la prolifération. Vers une diplomatie de la nécessité ?

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«Le secret est l’âme des bons succès», constate, au XVIIe siècle, le car- dinal, duc de Richelieu. La littérature spécialisée consacrée à l’étude des questions de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération est aussi abondante que variée au cours des dernières décennies. Il est vrai que la problématique de la sécurité collective a toujours passionné les chercheurs en relations internationales. Elle oppose, pratiquement depuis la nuit des temps, de façon irréconciliable, les idéalistes, voire les utopistes à la manière d’Emmanuel Kant avec son Projet de paix perpétuelle, aux sceptiques peu disposés à se satisfaire d’une «sécurité papier», tel Raymond Aron avec son Paix et guerre entre les nations. Nombreux sont les experts qui déclinent, ad nauseam, cette thématique dans toutes ses dimensions : politique, diplomatique, géopolitique, stratégique, militaire, sociologique, humaine, historique, juridique… Pourtant, s’il y a un sujet qui est peu ou pas abordé dans ce cadre, c’est bien celui de sa dimension «renseignement». Les experts de cette discipline sont peu nombreux et, par nature, peu portés à s’exprimer publiquement. Or, il y a bien une vérité d’évidence qui s’impose dans la pratique quotidienne : c’est celle d’une implication croissante de la communauté du renseignement dans les mécanismes sui generis mis en place pour lutter contre la prolifération des armes de destruction massive (biologiques, chimiques et nucléaires) et de leurs vecteurs. Le meilleur exemple est celui de son implication dans le processus de désarmement imposé à l’Iraq à travers l’UNSCOM, après la première guerre du Golfe. Cette démarche trouve aujourd’hui son prolongement dans différents cadres et sous diverses formes. La tâche est immense tant nous luttons contre des difficultés renaissantes. Le domaine nucléaire est le plus éclairant, avec deux dossiers emblématiques, la Corée du Nord et l’Iran et, dans une moindre mesure, les interrogations de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) sur le passé (Egypte(1)) et sur l’avenir (Syrie). Au-delà, les risques de prolifération incontrôlée sont grands (2). En diplomatie comme «en politique, c’est folie que prophétiser, vous n’obtenez aucun crédit si vous avez raison, mais beaucoup de raillerie si vous avez tort» (3). Il importe donc de penser le présent et l’avenir à la lumière du passé.