2014 ou les marteaux sans maîtres

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La formule peut définir la période, au-delà de l’année calendaire. Une violence non maîtrisée, l’absence de desseins politiques d’ensemble, des réactions improvisées à des événements imprévus. Unilatéralisme et coercition sont au goût du jour. Frottements entre puissances, désorganisation progressive, conflits entre Etats, notamment autour de l’Ukraine, expansion d’un terrorisme islamique diffus ou localisé… Même de faible intensité, ces désordres soulignent l’ambiguïté du « retranchement » américain, son hésitation devant les interventions militaires et ses tentatives d’ouvertures diplomatiques. Les Etats-Unis surveillent, agissent ponctuellement mais s’engagent peu. Ces troubles accompagnent un malaise dans la mondialisation. Les secousses subies par l’ordre interétatique ne l’ont pas fait disparaître, et la désoccidentalisation du monde n’est à l’ordre du jour qu’en apparence, suprématie des Etats-Unis oblige. Ce qui est en cause est davantage une privatisation généralisée, incapable de définir un projet global adapté aux défis mondiaux.

Serge SUR

Membre de l'Institut (Académie des sciences morales et politiques), professeur émérite à l'Université Panthéon-Assas, président du Conseil d'orientation du Centre Thucydide et co-rédacteur en chef de la revue "Questions internationales" (La documentation française), le Pr. Serge Sur est le fondateur de l'Annuaire français de relations internationales (AFRI) qu'il a dirigé ou co-dirigé de 1999 à 2020, et du Centre Thucydide qu'il a dirigé de 1999 à 2014.