La lutte contre la prolifération des armes de destruction massive à la croisée des chemins

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Résumé L’efficacité des régimes de non-prolifération des armes de destruction massive (ADM) est aujourd’hui compromise. Les attentats du 11 septembre 2001 ont donné plus de crédit au spectre de la menace terroriste utilisant des ADM au moment où la frontière entre les utilisations pacifiques et militaires des technologies nucléaires, bactériologiques et chimiques est de plus en plus ténue. Ces attentats sont invoqués par l’Administration Bush pour justifier la remise en cause des accords d’arms control et l’adoption d’une stratégie de lutte contre la prolifération plus agressive (National Security Strategy). Les Etats-Unis sont ainsi les architectes de l’Initiative de sécurité contre la prolifération (ISP), une « coalition fonctionnelle » vouée à la contre-prolifération et destinée à empêcher le trafic des ADM. Outre qu’elle soulève un certain nombre de problèmes juridique, l’ISP vient compléter mais aussi compliquer les mesures de renforcement des garanties de l’AIEA et des contrôles des exportations par les groupes de fournisseurs. Dans la lutte contre la prolifération, des divergences d’approche opposent Américains et Européens, ces derniers privilégiant la diplomatie et le multilatéralisme sur les moyens militaires pour résoudre les crises de prolifération (Corée du Nord et Iran). La lutte contre la non-prolifération souffre d’un handicape majeur : elle traite les manifestations et les symptômes et non les causes structurelles de la prolifération. Les situations d’insécurité et d’instabilité régionale sont souvent à la source des programmes d’ADM, notamment au Moyen-Orient et en Asie du Sud. L’érosion inexorable des régimes de non-prolifération que l’on constate est aussi due en grande partie à l’absence d’un processus de désarmement nucléaire qui est la contrepartie logique et légitime de la lutte contre la prolifération comme le spécifie par ailleurs le TNP. – Le sommaire de l’AFRI 2004