Droit international et relations internationales. Divergences et convergences

Partager sur :

La formation et la recherche en relations internationales et en droit international sont largement séparées dans l’enseignement supérieur en France. Ceci pour des raisons plus historiques que logiques. La discipline « Relations internationales » n’est pas reconnue, spécialement dans les universités Elle ne correspond ni à des parcours organisés, ni à un recrutement spécifique d’enseignants-chercheurs. Les spécialistes de relations internationales, dans ces conditions, proviennent d’horizons divers et convergent sur un objet dont les frontières sont indéfinies : économistes, géographes, historiens, juristes, philosophes, politistes, sociologues, spécialistes des questions stratégiques notamment.

En revanche, le droit international est un élément constitutif de toute formation juridique en France. Il dispose de filières organisées, les spécialistes en sont identifiés et reconnus comme tels dans le cadre de Masters spécialisés, puis par des modes de recrutement académiques spécifiques. Il en résulte l’existence d’une doctrine française très vivante, intellectuellement diverse, mais qui dispose d’instances communes – la Société Française pour le Droit International et l’Annuaire Français de Droit International notamment.

L’étude et la recherche en relations internationales se sont néanmoins développées dans notre pays, mais sur des bases multiples, et le plus souvent sans lien organisé avec le droit international, alors que ses principes, institutions, méthodes et règles jouent un rôle croissant en la matière. On mesure très vite l’interdépendance entre les deux approches : le droit international ne se comprend que dans un contexte plus large, et les relations internationales impliquent de plus en plus directement des règles juridiques, que ce soit pour leur analyse ou pour leur régulation.

C’est pourquoi la SFDI organise une Journée d’étude qui permet de mesurer la complémentarité des deux approches, et qui vise à en favoriser la reconnaissance académique. La situation française est en effet singulière, et beaucoup de pays comparables, notamment en Europe, ont une conception beaucoup plus ouverte en la matière. Aussi avons-nous fait appel à des spécialistes en provenance de plusieurs pays européens. La Journée de la SFDI regroupe ainsi certains des meilleurs spécialistes des différentes approches, pour mettre en regard et comparer leurs analyses.

La première demi-journée est consacrée à l’étude de concepts utilisés tant en droit international qu’en relations internationales : la souveraineté, concept central du droit international, sujet d’interrogations pour les politistes ; le multilatéralisme, méthode de régulation pour les uns, fondement de « régimes » pour les autres ; les « sanctions », pratique en plein développement, qui soulève aux yeux des juristes des questions de légalité, et pour les autres des questions d’efficacité. Les analyses des juristes et celles des politistes méritent d’être confrontées sur ces différents points.

La deuxième demi-journée s’attache à des situations justiciables d’une analyse juridique et d’une analyse politique : les juridictions internationales pénales et l’indépendance du Kosovo, retenues comme exemples. Elles font l’objet de tables rondes réunissant des experts dont les disciplines et les approches sont différentes. Cette demi-journée comporte également une table ronde d’objet plus vaste, permettant une discussion sur les voies et moyens d’un rapprochement entre études et recherche en droit international et en relations internationales, en mettant à profit les expériences de plusieurs spécialistes européens. Thierry de Montbrial, directeur général de l’Institut Français de Relations Internationales (IFRI), tirera enfin les conclusions de la Journée.