L’Eufor Tchad-RCA et la protection des civils

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Dix ans après la première introduction de la protection des civils sur l’ordre du jour du Conseil de sécurité, un vif regain d’intérêt pour cette question est en cours aux Nations Unies. Pourtant, à l’échelle tactique, de nombreux acteurs humanitaires voient dans les directives d’intégration des activités de protection une formalisation des relations militaro-humanitaires qui menace leur indépendance politique et, ainsi, le peu de sécurité que leur image impartiale est supposée leur conférer. L’Eufor Tchad-RCA, opération militaire déployée par l’Union européenne (UE) de mars 2008 à mars 2009 à l’est du Tchad et au nord-est de la République centrafricaine, devait contribuer à la protection des civils à la fois directement et indirectement. Directement, par sa capacité coercitive au service de la défense des populations locales et des humanitaires menacés. Indirectement, en assurant la sécurité d’une opération onusienne, la MINURCAT, composée de policiers-formateurs et de civils, eux-mêmes impliqués dans la sécurisation de la zone. L’objectif de cet article est d’examiner par quels chemins l’Eufor, d’abord contestée sur le terrain par les humanitaires, a su devenir un partenaire respecté de nombreuses organisations non gouvernementales. Privée tant d’ennemis tangibles que d’un processus politique par lequel ancrer son action dans le long terme, l’Eufor a en fait bénéficié de cette configuration atypique. Si elle n’a pas permis d’inverser nettement les tendances de la violence dans l’est du Tchad, elle a contribué à la mise en place d’un cadre non contraignant de concertation avec les organisations humanitaires, première étape vers un effort de plus long terme en vue de la protection des civils dans cette région profondément déstabilisée.

Le sommaire de l’AFRI 2010