Tout commence par une photographie, un portrait dit officiel du Général de Gaulle en Egypte, un portrait qui aurait été fait par le meilleur des photographes égyptiens de l’époque, en 1941, Armand, un Arménien de la rue Kasr Al Nile (Armenak Arznouni). Mais sans doute est-ce une légende. Cette photo est plutôt londonienne. Le Général y porte képi à feuilles de chêne. Au Caire, en Egypte, il était beaucoup plus discret : simple képi et uniforme kaki, rien d’aussi ridicule que les culottes tirebouchonnées du Général Catroux, du Duc de Gloucester ou de Rommel. C’est à peine si on verra de Gaulle dans le sable africain : en pose et godillots plutôt fatigués. Mais les photographies du Général en Egypte abondent, preuve qu’il y fut souvent. On le croit à Londres, sous le crachin. Erreur ; il est au grand soleil, en Afrique, en Egypte, au Levant. Plus longtemps, de 1940 à 1945, qu’il ne fût à Carlton Gardens. Pourquoi ? Parce que l’Egypte, le Caire, le Moyen-Orient, sont, de l’avis du Général, le « coeur stratégique de la Seconde Guerre mondiale ».