Chine et Russie sont tout près de former une alliance militaire effective si les circonstances devaient les y conduire. L’intensité de leur rapprochement dépendra fortement des États-Unis. Il est sans doute prématuré de parler d’alliance formelle, mais certainement pas d’alliance fonctionnelle. Les deux partenaires y trouvent leur intérêt. Malgré une relation fortement déséquilibrée en termes de démographie et de richesse nationale, la Russie n’a rien à redouter de son voisin asiatique. Les capacités technologiques et financières de la Chine offrent aussi des perspectives d’accéder en commun à des technologies de pointe en matière militaire de défense que le seul potentiel russe ne permettrait pas. La Chine, de son côté, trouve dans l’approfondissement de sa collaboration militaire avec la Russie nombre de bénéfices majeurs, au rang desquels figure la mise à niveau, impérative, de ses organes de commandements opératifs et stratégiques grâce au savoir- faire russe. La Russie est aussi le partenaire avec lequel elle travaille à intervenir, le cas échéant, en Eurasie, où se déploie son projet stratégique de « route de la soie ». Enfin, l’une et l’autre, par leurs échanges et leur coopération politico-militaire et technico-militaire, établissent un niveau de confiance mutuelle, inexistant auparavant. Pour l’instant, l’affichage des effets politiques, militaires et technologiques de la relation stratégique russo-chinoise reste discret, en large partie à la demande de Pékin. La Chine continue à adopter un profil prudent à l’égard des États-Unis, dont elle reconnaît la supériorité dans les domaines technologiques et militaires.