L’adhésion de la Croatie à l’Union européenne, le 1 er juillet 2013, en qualité de 28 e Etat membre, marque la fin d’un cycle politique. Succédant à la chute du communisme (en 1990), puis à la présidence de Franjo Tuđman (1990-1999), perçue comme nationaliste par les pays de l’UE – essentiellement en raison de la politique suivie en Bosnie-Herzégovine – et en dépit de l’adhésion du pays au Conseil de l’Europe en novembre 1996, les alternances politiques de 2000, 2003 et 2011 ont permis d’installer un consensus entre dirigeants sur l’objectif d’intégration à l’UE. Pour autant, les négociations furent longues, difficiles, notamment en ce qu’elles touchaient aux relations avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et, plus généralement au domaine judiciaire. Accompagnant l’entrée de la Croatie dans l’UE, le contentieux opposant le pays à la Commission européenne autour de la « loi Perković » – limitant en droit interne l’application du mandat d’arrêt européen – est emblématique des difficultés d’adaptation aux normes européennes. En cela, il justifie a posteriori le mécanisme de suivi des questions relatives à l’Etat de droit inauguré par l’UE avec l’adhésion de la Croatie. L’affaire Perković est également révélatrice des difficultés de la Croatie à digérer son double passé communiste et natio- naliste, même si la longue durée de l’histoire croate montre que cette dernière s’intègre volontiers dans un ensemble multinational, à la condition de préserver ses institutions juridiques et politiques, comme cela fut le cas de 1102 à 1918, puis de 1945 à 1991.