– Résumé Les paradigmes de sciences sociales dans le domaine des relations internationales, non exempts de préjugés, dissimulent derrière leur autodénigrement, un objet inattendu : les idées politiques. Les réalistes font souvent appel, non sans les nuancer, à des concepts empruntés aux philosophies pessimistes de la nature humaine et du volontarisme. L’ironisme libéral, féru d’anti-étatisme et de transnationalisme cosmopolitiste, hypertrophie la coopération et l’intégration par le droit ou la morale. Les structuralistes et autres systémistes oublient l’importante des acteurs. Les féministes américaines dénoncent le « machisme » du monde masculin de la politique mondiale. Comment s’y retrouver ? L’origine philosophique et idéologique de toutes ces théories pose problème, car elles reproduisent le manichéisme occidental qui impose une « structure binaire de la dispute ». En tant qu’objet d’une sociologie de la connaissance, les « paradigmes » des relations internationales semblent faire fonction de substitut au dogme religieux. Une épistémologie attentive à leurs ancrages constate la convergence d’analyses qui revêtent toutes une dimension paradoxalement stratégique. Serait-ce là le triomphe secret du « réalisme » qui, caché sous divers masques et impuissant à élaborer luimême une théorie face à la complexité et à la violence de l’objet politique, inoculerait à ses prétendus adversaires sa problématique râpeuse, au-delà du bien et du mal? –Le sommaire de l’AFRI 2003