Sur quelles dynamiques le projet francophone repose-t-il ? L’objectif de cette contribution entend répondre à cette interrogation en mobilisant les ressources conceptuelles du paradigme post-international élaboré par James Rosenau (la distinction et l’articulation entre monde multi- centré/monde stato-centré ; le concept de communauté inclusive et ses composantes tant matérielle qu’imaginaire). L’analyse aboutit à trois résultats. Tout d’abord, les moteurs initiaux du projet francophone sont de nature sociétale et révèlent, d’une part, l’apparition d’un monde multi-centré francophone dans la seconde moitié du XX e siècle et, d’autre part, le caractère plus lent de l’expression interétatique du projet. Ensuite, les institutions francophones actuelles présentent une articulation coopérative entre les deux corps d’acteurs : sovereign-bound et sovereign-free. Enfin, la substance du projet est de nature identitaire car elle repose sur la diffusion de valeurs communes sous l’effet de la mondialisation. Ce moteur identitaire manifeste aussi des dynamiques sources de tensions, car certains Etats membres ne partagent pas le même imaginaire au sein de la Communauté francophone.