Jeux de l’ours et de l’aigle dans les Balkans et le Caucase. Crises au Kosovo, en Ossétie et en Abkhazie

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Le 26 août 2008, moins de trois semaines après l’opération militaire lancée par la Géorgie pour reprendre le contrôle des régions séparatistes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, la Fédération de Russie annonce la reconnaissance officielle de l’indépendance de ces deux entités. Des références explicites sont faites au précédent du Kosovo, dont l’indépendance a été soutenue par les puissances occidentales, membres permanents du Conseil de sécurité. Présentée dans le monde entier comme contre-exemple cinglant pour les opposants au redécoupage des frontières par la force ou comme manipulation par une Russie en quête de puissance pour les défenseurs du cas « sui generis » d’un Kosovo indépendant, cette crise caucasienne s’avère une réplique aux rôles inversés du cas kosovar. Appliquant de manière ouverte une même rhétorique de victimisation comme moyen de légitimation publique, en-dehors du cadre légal international prévu à cet effet, d’une intervention armée et in fine de l’indépendance, les dirigeants russes n’ont pas fait que rendre la monnaie de leur pièce à l’OTAN et aux Etats-Unis en particulier. Ils ont également signifié par là le danger majeur de déstabilisation des relations internationales qu’entraîne le non-respect des principes internationaux sur lesquels s’est construit le système de prévention des conflits, en particulier l’intangibilité des frontières ou la non-ingérence dans les affaires internes. Alors que les principales victimes continuent à en être la population civile, les théâtres où un tel scénario aux recettes connues pourrait se répéter sont nombreux, y compris en Europe.

Le sommaire de l’AFRI 2009

Nicolas GUINARD

Entre 1993 et 1998, a régulièrement collaboré avec des organisations non gouvernementales dans les balkans occidentaux ; Depuis février 1999, a été affecté au Kosovo avec l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et les Nations Unies à plusieurs reprises ; Travaille actuellement pour le Centre international pour la justice transitionnelle (ICTJ) comme expert des questions liées à l'Etat de droit en situation post-conflit.