– Résumé En octobre 2003, le lancement du premier « navigateur de l’espace » ou Yuangyuan représente une réalisation spatiale chinoise spectaculaire. Quelle est la signification de cette démonstration de compétences dans un domaine de hautes technologies à forte connotation stratégique et à quels objectifs de politique nationale et internationale répond-il ? Indépendamment de l’usage médiatique qui peut être fait de programmes à forte valeur symbolique, il faut – pour apprécier la réalité des réalisations dans le domaine de l’espace – considérer les caractéristiques du secteur spatial chinois aussi bien du point de vue de la réalité de l’intégration du secteur dans le développement du pays, que de l’importance politique qui lui est accordée par les dirigeants chinois actuels. L’étude de la politique spatiale chinoise depuis ses débuts montre qu’elle a toujours été intégrée dans les objectifs politiques prioritaires des différents leaders, mais l’activité spatiale, du fait de ses contraintes propres, ne peut entièrement coïncider avec les mots d’ordre tels qu’ils sont actuellement affichés. L’organisation du secteur spatial chinois montre bien un effacement relatif des acteurs militaires au profit de l’apparition d’une technicisation croissante des responsables, mais l’application des principes de la gestion privée dans les entreprises spatiales ne peut pour autant suppléer à la nécessité des investissements étatiques, d’autant plus importants que la Chine vise une autonomie technologique réelle. Le secteur spatial chinois est indéniablement en mutation. Son avenir dépend tout à la fois de la perception, par le pouvoir politique chinois, de l’intérêt de son rôle stratégique présent et futur et des conditions du développement économique du pays afin d’assurer sa charge financière. Le rythme des réalisations spatiales à venir peut ainsi apparaître comme un indicateur intéressant des orientations fondamentales du régime. – Le sommaire de l’AFRI 2004