La crise de l’Europe est aussi une crise de ses fondements théoriques, explicites ou implicites. A la suite d’Habermas, on a trop anticipé le passage au post-national alors même que se réaffirme partout le stato-national, plus protecteur. On a trop cru à l‘ « éthique de la discussion » comme si avaient disparu les rapports de force. Dans l’esprit d’Hayek et des fonctionnalismes, on a caricaturé la démocratie en populisme et on a sacralisé les bonnes règles libérales. Si bien que l’Europe et l’Allemagne, économiquement et moralement dominantes, sont ressenties comme des instances de jugement prônant sans fin un cosmopolitisme à la charge des moins protégés et leurs sacrifices rédempteurs.