La notion de « défense de l’Europe », fondée sur le leadership et l’aide américains, a, jusqu’à nos jours, supplanté la notion de défense européenne. Aujourd’hui, du fait notamment des incertitudes liées à l’évolution de la politique extérieure américaine et à l’engagement de Washington en Europe, la notion de défense européenne ressuscite de la léthargie dans laquelle elle se trouvait plongée depuis que les ambitions figurant dans le Traité de Bruxelles (1948) furent abandonnées faute de moyens et d’ambition. La relance actuelle est venue de Paris, principale puissance militaire de l’Union européenne avec le départ du Royaume-Uni de l’Union. C’est ainsi qu’à l’occasion de son discours de la Sorbonne, le 26 septembre 2017, le Président de la République française a émis le vœu qu’« au début de la prochaine décennie, l’Europe [soit] dotée d’une Force commune d’intervention, d’un budget de défense commun et d’une doctrine commune pour agir ». Le chef de l’état-major des armées, le général Lecointre, relayait le propos présidentiel en déclarant qu’il fallait « parvenir à construire ensemble une autonomie stratégique européenne ». Il convient de s’interroger sur les raisons des échecs successifs et sur les méthodes suivies pour réussir à mener à bien le projet de défense européenne. Jusqu’à présent, malgré quelques succès très limités, ils n’ont abouti qu’à confirmer l’attitude hésitante des Etats européens à vouloir se doter d’une politique de défense en vue d’affirmer leurs intérêts de sécurité et aussi d’acquérir leur autonomie et remettre ainsi en question la primauté américaine sur les affaires de défense européenne. Plusieurs écueils se dressent en effet sur cette voie et de multiples obstacles freinent les aspirations de l’Union européenne en la matière.