La gestion de l’Internet entre autorégulation et rivalités institutionnelles : un phénomène mondial à la recherche de son modèle de gouvernance

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Résumé Très utilisé comme support de communication internationale entre les hommes et entre les continents, l’Internet n’est pas seulement un outil technique au service de la vie mondiale. Il s’agit aussi – comme de nombreux auteurs nord-américains l’envisagent aujourd’hui – d’un très intéressant objet des relations internationales, qui peut être considéré comme « un bien public international au sens presque classique du terme » et dont « la gouvernance est une question d’intérêt public international ». Le fait que « les acteurs ‘classiques’ de la société internationale – États et organisations multilatérales – ne maîtrisent pas tout le champ de ces nouvelles technologies » et que « les entreprises, les chercheurs, des organismes informels … jouent un rôle essentiel dans les normes, les modes d’échanges, la compatibilité des systèmes », doit nous conduire, en effet, à redoubler d’attention. Quel est donc ce phénomène transnational qui semble s’auto-organiser de manière purement consensuelle et en dehors de toute enceinte publique nationale ou internationale ? Ne doit-on pas y voir la métaphore ou l’anticipation de ces futures structures « en réseau » qui pourraient être conduites à prendre en charge la gouvernance planétaire ? Certains internautes et certains auteurs n’hésitent pas à s’engager dans cette direction : celle d’une « cyberdémocratie » mondiale dont les règles commenceraient à être mises en oeuvre à l’intérieur même du réseau, avant d’être progressivement généralisées par osmose à l’ensemble des institutions du monde international « réel ». Pourtant, si une présentation rapide de la création et de l’évolution des structures centrales de l’Internet révèlent les traits spécifiques de la culture organisationnelle de l’Internet 1.), l’analyse plus approfondie des deux fonctions critiques de la régulation technique de l’Internet – la standardisation 2.) et la gestion des adresses et des noms de domaines 3.) – nous montre que derrière le consensus, les rivalités institutionnelles et les rapports de force économique et politique sont de plus en plus présents. Dès lors, la « cybergouvernance » n’apparaît pas comme une catégorie à part mais bien seulement comme un champ d’expérimentation pour les nouvelles techniques de coopération et de régulation de la société internationale. – Le sommaire de l’AFRI 2000