–Résumé La mort d’une célébrité est une sortie médiatique. L’ampleur et le ton de la couverture médiatique du décès de Jean-Paul II prouvent qu’il a réussi sa sortie, mettant ainsi la dernière main à un travail exceptionnel d’ouverture de l’Eglise aux médias du tournant du siècle. Ce renouvellement des moyens de l’évangélisation, c’est-à-dire de la propagande catholique, a nécessité pendant ces 27 ans de pontificat plusieurs mesures volontaristes : la réaffirmation doctrinale du droit à l’information, de la tolérance de Vatican II envers les médias de masse et de l’acceptation que l’Eglise en fasse usage ; l’intégration, dans la pratique et dans le discours du pape, du passage des sociétés occidentales à l’indifférence religieuse et de la mise en minorité, y compris en France, des catholiques pratiquants ; le positionnement résolu de l’Eglise et, au premier chef, de la papauté dans l’espace public des foules, de l’émotion, de la personnalisation et de la dramatisation ; la prise en compte de la concurrence de fait et directe du pape avec d’autres personnages publics pour l’occupation de l’espace médiatique dévolu aux affaires religieuses. Le succès de la mise en scène de l’agonie de Jean-Paul II n’en bénéficie pas moins d’une tendance lourde au regain de l’intérêt des médias de masse pour la religion, regain d’autant plus facilement exploitable qu’il s’accompagne d’une incapacité de leur part à décrypter le phénomène religieux dans sa complexité et donc à surmonter les artifices de la mise en scène. – Le sommaire de l’AFRI 2006