A la fin des mandats d’Obama et à l’aube de la présidence Trump, la politique américaine de défense se caractérise par une grande incertitude. Les dépenses actuelles de défense (environ 620 milliards de dollars pour l’année fiscale 2017), bien qu’ayant été autorisées, ne sont pas convenables car elles dépassent les seuils fixés par la loi de contrôle budgétaire de 2011. Cette situation inédite est le reflet, d’une part, d’un consensus sur la nécessité de renforcer les efforts de défense et, d’autre part, des divisions quant à la manière de les financer. Les priorités stratégiques actuelles incluent, en premier lieu, la dissuasion vis-à-vis de la Russie et l’assurance de la Chine, ensuite le traitement des problèmes posés par l’Iran et la Corée du Nord, parallèlement à la lutte incessante contre les organisations violentes extrémistes, à commencer par l’Etat islamique. Trump pourrait renverser les priorités, en plaçant la lutte contre les organisations violentes extrémistes en première place. Pour faire face à ces menaces, la force conjointe mise en place par Obama est limitée. La priorité est de restaurer son état de préparation, détérioré par des années de réductions budgétaires, particulièrement avec les coupes de 2013. Il convient en outre d’investir dans leur modernisation. Telle est la logique de la Third Offset Strategy, dont le spectre et la nature demeurent vagues. Faisant écho aux think tanks conservateurs, Trump veut améliorer considérablement la structure de la force armée et étendre la dissuasion nucléaire tout en maintenant l’objectif de modernisation et de restauration de l’état de préparation. Ce renforcement ambitieux implique la suppression des plafonds fixés par la loi de contrôle budgétaire, ce qui n’est absolument pas garanti.