– Résumé Souvent présenté comme un Etat faible, perpétuellement menacé d’effondrement sous l’effet conjugué de la criminalisation de son système politique et de la « menace islamiste », le Pakistan fait en fait figure d’exemple de ces Etats « souples » ou « en pointillés » qui ont fait de la « décharge » aux acteurs privés et de l’instrumentalisation du désordre, tant sur le plan interne qu’externe, les traits les plus saillants de leur trajectoire politique. Les turbulences internes et externes auxquelles le pays fait face depuis sa création en 1947 dans la tourmente de la Partition, loin de mettre en cause son existence, apparaissent ainsi consubstantielles de la formation continue de son Etat, dont les agents ont cherché à coopter les acteurs séditieux nationaux et régionaux, dans le cadre d’une « diplomatie du désordre » qui se poursuit aujourd’hui au Cachemire et en Afghanistan. Le désordre afghan fonctionne en outre comme une véritable « rente stratégique » pour le Pakistan, dont les dirigeants ont mis ces troubles à profit pour négocier, non sans un certain succès, leur positionnement dans le système international. – Le sommaire de l’AFRI 2004