– Résumé Le protocole peut être défini comme l’ordre symbolique qui garantit l’expression de l’ordre politique : il constitue un système de classement qui hiérarchise les acteurs et leur prescrit les comportements adaptés à leur rang ; il fait aussi figure de spectacle politique qui sollicite l’allégeance du citoyen à proportion de la place conférée à chaque acteur. L’Union européenne, système polycentrique et évolutif sans principe hiérarchique établi, représente à cet égard un cas d’espèce : la non-codification et la sobriété du protocole communautaire apparaissent comme une contrainte inhérente au système institutionnel européen, mais constituent aussi une stratégie délibérée d’afficher une manière moderniste et fonctionnelle de faire de la politique. Le libre jeu laissé aux acteurs suscite une pratique visant à niveler plutôt qu’à distinguer. Dans cette configuration, les règles nationales restent structurantes et ce sont les dirigeants nationaux qui tendent à prendre le pas sur des représentants européens, moins pourvus en ressources politiques. La timidité du protocole communautaire souligne la faiblesse de l’ordre politique européen et la difficulté intrinsèque de le donner à voir. –Le sommaire de l’AFRI 2003