Le réalisme interactionnel de Nicholas J. Spykman. Une sociologie des relations internationales dans l’entre-deux-guerres

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Fondateur du premier département autonome de Relations internationales de Yale University en 1934, Nicholas J. Spykman (1893-1943) est généralement présenté comme l’une des figures principales de la géopolitique anglo-saxonne, dans la lignée de Mackinder et de Mahan. La véritable originalité de ce représentant éminent de l’école réaliste ne réside pourtant pas dans la seule méthode d’approche géopolitique, mais bien plus fondamentalement dans une approche sociologique pionnière des relations internationales. Au travers d’un dialogue permanent entretenu avec les juristes internationalistes de l’entre-deux-guerres, le politiste Spykman se distingue en particulier par sa transposition constante du fonctionnalisme conflictuel de Georg Simmel aux réalités de la société internationale. Cet article présente quelques-unes des facettes de cette pensée profondément originale, dont l’équilibre entre interactionnisme et institutionnalisme peut offrir un intérêt certain au regard du cadre de « coopétition » multipolaire qui marque aujourd’hui les relations internationales, comme il marquait les années 1920-1930, avant la glaciation géopolitique artificielle de la Guerre froide.