– Résumé L’après-11 septembre 2001 marque un tournant important dant la trajectoire politique du Royaume d’Arabie saoudite et dans sa place au Moyen-Orient. D’une part, sa relation de confiance avec les Etats-Unis est, depuis, durablement affectée; d’autre part, on observe un net déclin de son emprise sur sa traditionnelle sphère d’influence, le Conseil de coopération du Golfe (CCG). Ce nouveau contexte pousse les dirigeants saoudiens à développer une autre conception stratégique pour un Moyen- Orient pacifié, qui repose sur la volonté du Royaume d’impliquer davantage la communauté internationale et de voir réduire l’influence américaine pour le règlement des crises régionales (israélo-palestinienne, iraquienne, programme nucléaire iranien), ainsi que sur la défense de l’idée de garder le Moyen-Orient libre de toutes armes de destruction massive avec la participation de tous les acteurs concernés, y compris Israël. Cette vision globale saoudienne de la sécurité est inédite depuis la création du Royaume en 1932. Elle est davantage liée à la panique que suscite à Riyad la future prise en main du pouvoir par les chiites d’Iraq (dans la perspective des élections législatives du 30 janvier 2005) et ses possibles conséquences sur les communautés chiites présentes dans le nord-est du Royaume, à Bahreïn et au Koweït, que sur une volonté d’afficher son indépendance vis-à-vis de Washington. La nouvelle perception régionale saoudienne tranche en outre nettement sur celle des petites monarchies voisines qui, de la résignation à la tutelle américaine, adhèrent aujourd’hui à la vision stratégique américaine d’un «remodelage du Moyen-Orient». – Le sommaire de l’AFRI 2005