Avec son vote en faveur du Brexit, le Royaume-Uni s’est préparé un avenir difficile et la voie qui mène à la sortie est loin d’être simple. Aux États-Unis, on est circonspect face à cette décision et certains éprouvent une suspicion, voire de l’inquiétude, même si Donald Trump a bien promis un accord « phénoménal » aux Britanniques. La méfiance américaine n’est pas nouvelle et avait été exprimée en son temps par Barack Obama, qui avait soulevé les arguments économiques, certes, mais aussi sécuritaires. Boris Johnson avait alors brutalement repoussé les objections, indiquant déjà que le Brexit pourrait altérer les relations entre les deux pays et que la « relation spéciale » ne suffirait pas à maintenir une illusion d’égalité d’attente, comme de traitement, entre les deux pays. Les Américains entretiennent avec soin cette relation, notamment dans la collaboration des services de renseignement entre les deux pays. Il reste pourtant que la réalité du lien anglo-américain provient quasi exclusivement de l’espace politique et géographique occupé par le Royaume-Uni à l’échelle mondiale, qui a donné à l’Amérique une porte d’entrée pour accéder à l’Europe, tant politiquement qu’économiquement. C’est cela qui a donné à l’un ce statut de « meilleur ami » de l’autre. La sortie britannique de l’Union européenne soulève alors un certain nombre de questions concernant l’approche de Washington à l’égard des relations transatlantiques dans un monde multipolaire. Les Britanniques se sont lancés dans une course en avant effrénée, qui les ramène dans l’illusion d’une indépendance et de la grandeur qui étaient les leurs dans le passé, sans se rendre compte que les Américains les guident désormais sur le chemin qui leur convient le mieux, en fonction de leurs intérêts à eux.