Les sanctions imposées à la Russie par l’Union européenne (UE) constituent une réponse logique, légitime, légale et potentiellement efficace aux agissements du pays en Ukraine. Elles suivent une logique quadruple : signal, dissuasion, coercition, affaiblissement. De même que leur légitimité, la légalité internationale du recours aux sanctions à l’encontre d’un pays ne fait pas de doute. Il fait également peu de doute que l’application de sanctions financières par l’UE et les Etats-Unis a largement contribué aux difficultés présentes de l’économie russe. Les tentatives d’évitement des sanctions par la Russie sont vouées à l’échec, à court terme certainement, à long terme probablement. Les perspectives de suspension rapide des sanctions par l’UE paraissent limitées à ce stade, mais pourraient se matérialiser à l’été prochain en cas d’absence de consensus pour reconduire les mesures existantes. Paradoxalement, le plus grave problème posé à leurs initiateurs par les sanctions économiques imposées à la Russie pourrait résulter de leur efficacité même. Confronté à ce qu’il pourrait percevoir comme un usage de « force économique brute », destructeur de sa base économique, là où les Occidentaux n’ont envisagé que des pressions économiques au service de leur diplomatie, le pouvoir russe saura-t-il résister au réflexe de réagir sur le registre de la force militaire – furtive, voire assumée ?