Monténégro : la privatisation d’un Etat et le défi européen

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Le Monténégro constitue une exception en Europe : le pouvoir politique y est monopolisé par le même petit groupe depuis 1990. Au gré de ses orientations politiques successives – d’abord allié de Belgrade, ce groupe s’est ensuite rap- proché de l’Occident, avant d’orienter le Monténégro vers l’indépendance puis de prétendre aujourd’hui le conduire vers l’intégration européenne –, ce petit cercle d’alliés contrôle l’essentiel des activités économiques du pays, légales ou illégales, tout en ayant placé sous sa coupe le pouvoir judiciaire. En réalité, c’est à une véritable privatisation de l’Etat que Milo Đukanović et ses amis ont procédé. Etrangement, cette situation est largement tolérée par l’Union européenne – malgré les critiques timides de la corruption et des liens structurels du régime avec la criminalité organisée qui émaillent certains rapports officiels. En effet, le régime monténégrin, par-delà ses carences, est toujours perçu comme un garant de la « stabilité régionale ».