Cet article propose une analyse des politiques bureaucratiques de négociation des petits États engagés dans des relations asymétriques avec les grands États. Il étudie les tactiques de négociation et les manœuvres des acteurs d’un petit État africain francophone, le Bénin, lors des négociations de contrats d’infrastructure avec la Chine. Il considère la période de 2003 à 2014, lorsque la Chine a devancé la France pour devenir le plus grand partenaire commercial du Bénin. Il remet en question l’hypothèse selon laquelle la dépendance des pays francophones de l’Afrique de l’Ouest à l’égard de l’aide et des investissements étrangers limite nécessairement leur capacité à négocier efficacement et à exercer une influence dans les négociations avec la Chine, ainsi que l’hypothèse selon laquelle les bureaucraties africaines sont inefficaces et passives dans leurs relations avec la Chine. Dans cette perspective, l’article analyse les moyens mis en œuvre par des acteurs gouvernementaux béninois afin d’exercer une influence avant, pendant et après les négociations sur les infrastructures avec le gouvernement chinois ; il explique cette variation en explorant le rôle des bureaucraties et des fonctionnaires, la politique intérieure et l’exécutif, ainsi que leur impact sur les stratégies et tactiques de négociation. Enfin, il distille de nouvelles perspectives sur les conditions dans lesquelles les petits États exercent une influence lors de négociations asymétriques. Ce faisant, cet article réévalue le rôle des petits États dans les négociations internationales et analyse comment la négociation peut varier d’un ministère à un autre au sein d’un même pays.