Cet article s’intéresse à la diplomatie des Alaouites arabes (Arap Alevileri) de Turquie, plus particulièrement à un niveau de cette diplomatie : celui qui consiste à gérer les séparations entre les États et les sociétés civiles turque et syrienne, dans un contexte de rapprochement (2002-2011), puis de rupture (depuis 2011). Fondé sur la théorie diplomatique de Paul Sharp et sur des séjours de terrain réalisés entre 2015 et 2019 dans les pays concernés, il est soutenu que cette diplomatie forme un « pont » entre la Turquie et la Syrie, dont cette étude entend expliciter trois dimensions : son articulation avec l’identité religieuse et le groupe alaouite arabe, sa fonction dans les relations turco-syriennes et ses interactions avec les deux États concernés.