L’Ukraine et l’Europe

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Evènement organisé par le Centre Thucydide et le Centre de recherches stratégiques de Kiev

Informations pratiques

Lieu : Radisson Blu Hotel, Yaroslaviv Val Str. 22, Kiev (Ukraine)

Date : Vendredi 15 avril 2011, de 14h30 à 17h30 et samedi 16 avril 2011, de 9h30 à 17h00

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Présentation

-*1. Parmi les nouveaux Etats issus de la fragmentation de l’URSS en 1991, l’Ukraine apparaît comme le plus important en Europe, démographiquement, géographiquement, mais aussi comme celui dont l’évolution est la plus incertaine et la moins stabilisée. Le pays n’a pas rejoint l’Union européenne comme les anciennes républiques baltes, et pas davantage l’OTAN. Il a cependant beaucoup plus distendu ses liens avec la Russie que la Biélorussie (Belarus), sa voisine. Occupant le centre de l’Europe orientale, proche de la Pologne qui se fait volontiers son porte parole au sein des institutions occidentales, riveraine de la mer Noire, mais devant accepter en Crimée la présence continue de la base navale russe de Sébastopol, tributaire pour son alimentation énergétique des ressources gazières russes, devant compter avec une importante population russophone territorialement localisée, l’Ukraine éprouve autant de difficultés à se distancier d’avec la Russie qu’à se rapprocher de l’Occident, que ce soit de l’UE ou de l’Amérique du Nord.

-*2. Les difficultés que doit affronter l’Ukraine sont d’abord d’ordre intérieur. Elle n’a pas encore dépassé la période de transition post-communiste. Son pluralisme politique réel aboutit, au travers des élections qui ont jalonné la brève histoire de son indépendance, à une forte instabilité politique marquée par un relatif équilibre des forces partisanes. Il conduit à un fréquent blocage de ses institutions, d’esprit mi présidentiel mi parlementaire. L’administration du pays reste marquée par l’héritage bureaucratique de l’URSS. Le rôle des lobbies économiques, le poids de la criminalité organisée et de la corruption pèsent sur la confiance inspirée à ses habitants par le système, autant que sur le crédit du pays à l’extérieur. Ainsi l’Ukraine apparaît comme un Etat faible et divisé, qui n’a qu’en partie résolu les questions de reconstruction d’un système politique intérieur et d’une identité nationale fondant sa légitimité. Un signe en est le déclin démographique profond qui affecte le pays. Il n’en a certes pas l’apanage, puisqu’un tel déclin caractérise nombre d’anciennes démocraties populaires d’Europe orientale, Bulgarie ou Pologne notamment, et pèse sur la Russie elle-même.

-*3. Sur le plan international, l’Ukraine ne paraît pas avoir davantage surmonté la période de transition post-soviétique. Son indépendance a pourtant été relativement aisée, l’Ukraine ayant toujours été considérée, y compris dans le cadre de l’URSS, comme Etat souverain. Elle a été à ce titre membre fondateur de l’ONU. Sa prétention à demeurer Etat doté d’armes nucléaires a été rapidement abandonnée sous la pression internationale, mais n’a pas accru la confiance que le pays pouvait inspirer à l’extérieur. Son désir d’apparaître comme une grande puissance s’est vite heurté à une réalité moins glorieuse. L’Ukraine, on l’a dit, n’a pas été reconnue comme Etat ayant vocation à rejoindre ni l’UE ni l’OTAN, à la différence de ses voisins polonais ou roumains. Sur le plan régional, en dépit de son importance géopolitique, l’Ukraine n’a guère pesé lors du conflit géorgien de 2008, et demeure dépendante des ressources gazières de la Russie. Ainsi entravée par ses faiblesses intérieures et ses contraintes internationales, l’Ukraine éprouve des difficultés à définir une politique extérieure lui permettant de promouvoir efficacement ses intérêts nationaux.

-*4. Cette situation n’est pas dans sa nature profondément différente de celle de plusieurs Etats issus de l’ex-URSS. Ils sont parfois perçus comme des zones de faiblesse – criminalité organisée, immigration incontrôlée, stabilité politique incertaine, prétentions excessives – plus que comme des partenaires avec lequel il faut intensifier les liens. Cela ne saurait faire oublier l’importance géopolitique et humaine de l’Ukraine. Elle est incontestablement un pays européen, culturellement, géographiquement, historiquement, voire économiquement. Sa stabilité, son développement, ses solidarités intéressent au premier chef l’Union européenne, dont elle est frontalière. Elle est en outre riverain important de la mer Noire, tout comme l’Union européenne depuis l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie. Elle est d’une part un lien entre l’UE et les autres pays partenaires de la politique de voisinage, et d’autre part avec la Russie, pilier incontournable de toute sécurité organisée en Europe. La France en particulier accorde à l’Ukraine une attention suivie et soutenue, en termes de relations culturelles, d’investissements économiques, d’intérêt pour son évolution politique et sociale.

-*5. L’objet de la présente conférence est d’analyser cette situation sous l’angle principalement de l’Ukraine dans l’Europe et par rapport à l’Europe. Cela inclut l’Union européenne, mais aussi les autres institutions qui ont l’Europe pour cadre à titre principal, comme l’OSCE ou l’OTAN. Cela suppose de se placer sur différents registres, celui de la sécurité, mais aussi celui de l’économie, les questions de société et de stabilité politique étant des composantes des unes et des autres. Cela aussi implique de s’attacher aux relations bilatérales franco-ukrainiennes, à la fois sous l’angle de leur bilan, des demandes ukrainiennes et des perspectives françaises. L’un des objectifs de la conférence est de promouvoir l’intérêt mutuel au sein des deux pays, en développant en particulier les coopérations entre leurs institutions de recherche, voire de formation supérieure.