Introduction. L’Union européenne, acteur des relations internationales : des difficultés du multilatéralisme

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2006 n’aura pas été pour l’Europe une année très heureuse. Ebranlée par les coups de boutoir que constituaient les «non» français et hollandais, elle a enregistré plusieurs reculs sur la scène internationale. Deux d’entre eux, l’échec des négociations de l’OMC, et la stagnation du dialogue euro-asiatique, sont évoqués dans les pages qui suivent. Ces deux échecs touchent à deux éléments-clefs de l’action internationale de l’Union européenne: sa préférence pour la définition de règles régissant les relations internationales, ce qui l’avait conduite à encourager la création de l’Organisation mondiale du commerce, et son intérêt pour un dialogue structuré avec d’autres acteurs régionaux. Si on y joint les incertitudes engendrées par l’utilisation de la force en Iraq et l’incapacité des Européens à convaincre l’Iran de renoncer à se doter de l’arme nucléaire, il est difficile d’échapper à l’impression que l’approche européenne peine à s’imposer. Sans doute ce résultat peu encourageant doit-il beaucoup à un contexte international peu favorable. Cependant, l’incapacité à parler d’une seule voix dont font souvent preuve les pays européens dès qu’un sujet sensible est abordé n’y est pas étrangère. Pourquoi ses partenaires la prendraient- ils au sérieux lorsque ses membres ne le font pas? C’est pourtant dans ce domaine que la «demande d’Europe» est la plus forte, si on en croit les enquêtes d’opinion. A l’évidence, l’Europe doit commencer par mettre de l’ordre dans son organisation interne et définir les conditions de son engagement internatio- nal. Le développement des missions de police de l’Union, analysé ci-après, constitue un premier pas dans cette direction. Cependant, les difficultés rencontrées à ce niveau laissent entendre qu’il faudra du temps avant que l’Europe ne puisse s’affirmer comme un acteur incontournable sur la scène internationale.

Le sommaire de l’AFRI 2007

Renaud DEHOUSSE

Professeur des Universités à l'Institut d'études politiques de Paris, directeur du Centre d'études européennes, membre du comité de rédaction de l'AFRI