La dissuasion nucléaire française après la guerre froide – continuité, ruptures, interrogations

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Résumé L’outil de dissuasion nucléaire est sujet, par nature, à un processus d’ajustement constant au paysage stratégique. Ce processus est souvent lent. Les résistances au changement dans un domaine qui touche au cœur de la souveraineté, mais aussi la lourdeur des programmes d’équipement nucléaires, qui s’étendent sur des décennies, y contribuent. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner de ce que l’adaptation de la dissuasion nucléaire française à la nouvelle donne internationale s’étale, dans les faits, sur l’ensemble de la décennie qui vient de s’écouler. Elle commence dès les années 1989-1992, avec la réévaluation des programmes. Elle se poursuit, sur le plan doctrinal, avec le Livre blanc sur la Défense de 1994, qui consacre la disparition du discours public des termes de  » dissuasion anti-cités  » et  » dissuasion du faible au fort « , et qui ouvre la perspective européenne. Elle connaît son apogée en 1996, avec une série de décisions majeures : renoncement aux missiles sol-sol, lancement du programme M51, fin des essais et passage à la simulation, démantèlement des installations de production de matières fissiles, etc. Ce processus fait apparaître deux logiques : celle de la continuité, avec la confirmation des fondements de la doctrine nucléaire française, et celle de la discontinuité, avec des évolutions très significatives dans le domaine plus général de la politique nucléaire française. Il ouvre également des interrogations quant au champ d’application de la dissuasion et à l’avenir du consensus nucléaire. – Le sommaire de l’AFRI 2000