Depuis 2003, les organisations kurdes les plus puissantes sont parvenues à mettre en place des institutions politiques relativement autonomes, parfois entérinées par les États centraux, en Iraq, Turquie et Syrie. L’année 2015 semble marquer le début d’un reflux de cette expansion kurde. L’antagonisme entre les deux formations principales de la scène kurde, le PDK et le PKK, paraît oblitérer l’aspiration pankurde à la création d’un État transfrontalier indépendant. Les errements de ces organisations aujourd’hui identifiées comme seuls « maîtres à bord » dans leurs zones d’influence, ainsi que le « réveil » des États centraux constituent des éléments de faiblesse majeurs. S’agit-il pour autant d’une buttée historique indépassable ou d’un simple obstacle sur la voie inéluctable vers l’indépendance kurde ? Dans un Moyen-Orient en perpétuelle reconfiguration, que reste-il du « moment kurde » ?