Alors que le Yémen entre dans sa sixième année de conflit, cette contribution entend analyser les formes et limites de son traitement par les différents acteurs de la communauté internationale. Plutôt que de présupposer une cohérence des politiques menées (y compris par la coalition militaire emmenée par l’Arabie saoudite), ce texte démontre leur fragmentation, non selon des lignes polarisées, mais du fait de la multiplicité des cultures institutionnelles ainsi que d’informations partielles et biaisées du conflit et de ses acteurs. Ainsi, pris au piège d’un cadre juridique et d’un récit qui ont peu à peu perdu de leur pertinence, les acteurs régionaux autant que les grandes puissances ont projeté des politiques chaotiques. L’option militaire prévalait certes, mais a été mise en œuvre en parallèle avec d’autres options et formes d’intervention, avec peu ou pas de vision de long terme.