Dans la droite ligne de la réflexion sur le droit naturel et le droit des gens dans le second XVII e siècle, le jansénisme français a contribué à lier jusnaturalisme et question morale. Sa puissance de réaction originelle, contre la Compagnie de Jésus sur le plan religieux, contre le stoïcisme sur le plan philosophique, contre le modernisme sur le plan intellectuel, rend compte de sa portée critique tant du point de vue du droit naturel que du droit des gens. Avec un génie rhétorique et une puissance dialectique inégalés, les jansénistes ont pensé la société internationale à partir d’un triple ancrage antithétique : refus théorique des fondements humanistes du droit naturel, critique philosophique de l’universalisme du jus gentium et condamnation morale du jésuitisme juridique.