Bien souvent oublié dans la production savante contemporaine, le dialogue avec Hans Kelsen constitue une des figures privilégiées par les théoriciens des Relations internationales en vue de préciser leurs propres conceptions. Le transfert du positivisme juridique à l’échelle internationale suscite ainsi débats, voire franches contestations dans l’histoire de la discipline. L’objet de cet article est de présenter cette réception de l’œuvre kelsenienne sous la plume de deux auteurs prônant des approches très dissemblables dans le champ : le réaliste classique Hans Morgenthau et l’un des pères de l’Ecole anglaise des Relations internationales Hedley Bull. Tous deux critiquent les prétentions de Kelsen selon des arguments différents. Toutefois, contrairement à une intuition première, c’est Morgenthau et non pas Bull qui se révèle plus proche de Kelsen, tant dans le projet que dans l’horizon défendu, celui d’une civitas maxima à laquelle souscrit le penseur autrichien.