Introduction – FORCES ET FAIBLESSES DE L’ACTION INTERNATIONALE DE L’EUROPE

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Quarante ans après les premiers pas timides de la Communauté européenne sur la scène internationale, le profil de cet acteur hors du commun reste des plus incertains. La multiplication des acteurs qui parlent en son nom y contribue. L’activisme de la présidence française au cours du second semestre 2008 a montré certes qu’un acteur décidé pouvait profiter d’un contexte favorable pour s’affirmer dans des situations difficiles. Cela étant, il est encore un peu tôt pour dire quels seront les effets à long terme de l’intervention européenne en Géorgie ou de la réunion du G20 à Washington.

L’étude d’Ana Mar Fernandez Pasarin éclaire cette ambiguïté en remontant aux origines d’une institution – la présidence – qui doit son rôle à une volonté de ne pas confier trop de pouvoirs aux institutions supranationales, surtout dans le domaine régalien par excellence que constitue la politique étrangère. On comprend mieux dans ce contexte le foisonnement d’acteurs appelés à intervenir dans ce domaine si le Traité de Lisbonne est un jour ratifié : président du Conseil européen, Haut-Représentant pour la politique étrangère, président de la Commission. Plus nombreux seront les personnes censées incarner l’Union sur la scène internationale, plus faible sera le risque de voir celle-là faire de l’ombre aux Etats.

Cette pluralité d’acteurs pèse évidemment sur le contenu des politiques. L’article d’Elsa Tulmets montre que le concept un peu vague de politique de voisinage recouvre des visions bien différentes selon qu’il est évoqué à Vilnius, Prague et Varsovie ou à Paris et Madrid. Rien d’étonnant à cela si on veut bien se rappeler que la politique étrangère est aussi affaire de géographie. Si on joint à cela la faiblesse des Européens dans le domaine militaire, faut-il en conclure que l’Europe est nécessairement vouée à une politique internationale purement déclaratoire, dans laquelle on se contente de réaffirmer de grands principes? Pas si simple. Elle dispose en effet de certains attributs de la puissance, à commencer par ce marché autour duquel elle s’est construite. Dans son analyse critique de la politique commerciale avec les pays en voie de développement, Patrick Messerlin souligne que les interlocuteurs de l’Europe ont souvent des raisons de se plaindre d’une attitude hégémonique face à laquelle ils peinent à défendre leurs intérêts. La faiblesse européenne est donc relative.