Introduction

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Cette nouvelle rubrique de l’Annuaire entend éclairer par l’analyse d’œuvres ou l’étude de quelques pratiques la normalisation des comportements dans les relations internationales. Les problématiques sont bien connues : à quoi sert le droit international et existe-t-il vraiment ? Comment les règles juridiques interviennent-elles aujourd’hui dans les rapports interétatiques ? En quoi est-ce un enjeu de diplomatie désormais majeur ? En toute hypothèse, l’intitulé de ce nouveau chapitre dans l’histoire de l’AFRI renvoie à l’étude de politiques « à l’égard du droit et non pas nécessairement déterminée[s] par le droit » [[Guy de Lacharrière, La Politique juridique extérieure, Economica, Paris, 1983, p. 5.]]. Il s’agit donc d’analyser les normes internationales que les Etats, individuellement ou collectivement, essaient de promouvoir ou auxquelles ils s’opposent, les justifications qu’ils avancent pour soutenir leurs positions et les techniques qu’ils emploient à cette fin.

Chaque année, nous proposerons aux lecteurs une construction semblable, somme toute assez banale, entre repères théoriques, analyse générale et cas pratique. Plus précisément, la première contribution reviendra sur les aspects juridiques de l’œuvre de grands internationalistes, intellectuels ou praticiens. La deuxième contribution traitera plus spécifiquement de la politique d’un Etat à l’égard du droit international, de ses constantes et de ses variations. Enfin, la dernière contribution s’intéressera à un domaine particulier de la régulation juridique des relations internationales, dont l’actualité aura pu susciter l’intérêt.

Pour la première livraison, il nous fallait en premier lieu revisiter le concept même de politique juridique extérieure et l’œuvre de son inventeur, Guy de Lacharrière, l’un des plus grands jurisconsultes français du XXe siècle. Le professeur Denis Alland nous fait donc l’honneur de débuter notre cycle par quelques réflexions sur la pensée de ce maître. En deuxième lieu, la conduite normative des Etats-Unis offre « naturellement » un premier sujet de choix pour notre photographie de la pratique d’un Etat : alors que se profilent de nouvelles élections présidentielles américaines et qu’on peut commencer à mettre en balance la politique extérieure de l’administration Obama avec celle de son prédécesseur, Lucie Delabie propose ainsi, à partir de sa thèse, une grille de lecture riche et stimulante sur la spécificité de la politique juridique extérieure américaine. Enfin, le Haut Commissaire des Nations Unies a tenu en décembre 2011 la plus importante conférence sur les réfugiés et les apatrides depuis la fondation du HCR ; la situation économique et la multiplication des crises politiques tendent encore davantage l’offre et la demande de protection alors que l’on célèbre les soixante ans de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés, l’un des instruments juridiques les plus acceptés. Le professeur Caroline Picheral a bien voulu revenir sur le cas européen et discuter de quelques difficultés actuelles de l’articulation entre protection nationale et européenne s’agissant du droit d’asile.

Julian FERNANDEZ

Julian Fernandez est Professeur de droit public à l’Université Paris-Panthéon-Assas, en détachement à l’Université Galatasaray (poste ETI, MEAE Expertise France). Co-directeur du Master Droits de l’homme et Justice internationale d’Assas et de l’Annuaire français de relations internationales, il est l’auteur d’une centaine de publications dont deux manuels de référence (Relations internationales, Précis Dalloz ; Droit international pénal, Manuel LGDJ). Julian Fernandez a aussi dirigé ou co-dirigé près d’une vingtaine d’ouvrages collectifs dont plusieurs ont été distingués par l’Institut de France. Son expertise en justice pénale internationale est internationalement reconnue, il a d’ailleurs été présenté par la France pour siéger au sein d’une commission stratégique de la Cour pénale internationale (une commission qu’il a vice-présidée entre 2021 et 2024). Spécialiste aussi de droit de l’asile, il a coordonné un projet ANR sur l’exil de guerre (« RefWar », 2019-2024). Julian Fernandez a dirigé le Centre Thucydide entre 2015 et 2022, et le Master Relations internationales entre 2015 et 2017. On trouvera son CV complet ici.