Nommé en 1869, à l’âge de 25 ans, professeur de philologie à l’Université de Bâle, Nietzsche détendit ses liens avec son pays natal. Ses ouvrages et ses carnets inédits abondent en réflexions désobligeantes sur l’Allemagne et les Allemands. Il déteste surtout le triomphalisme des vainqueurs de Sedan et reste persuadé de la supériorité de la culture française, dont il lit les auteurs classiques sans dédaigner les contemporains. Il ne cesse d’afficher sa volonté d’être un « bon Européen », mais il donne du continent une définition qui n’est pas géographique : c’est l’Europe des grands esprits. Il vilipende ce qu’il appelle la « névrose nationale ». Son idéal européen n’inclut pas une association d’Etats, ni la mise ne commun d‘intérêts économiques. Il méprise la mentalité des boutiquiers. Le modèle actuel de l’Union européenne n’aurait pas répondu à ses aspirations.