Aux yeux de ses thuriféraires, le droit international humanitaire aurait atteint tous ses objectifs, ainsi que tend à le montrer une étude publiée récemment sous l’égide du Comité international de la Croix-Rouge. Cependant, la réalité du terrain ne confirme guère cette impression. L’incertitude demeure quant à la portée de règles à la fois coutumières et conventionnelles. Lorsque les plus hautes juridictions internationales doivent mettre en œuvre ces dernières, elles s’en tiennent souvent à des considérations de principe, sans avoir l’audace d’en tirer les conséquences pratiques. De sorte que le droit humanitaire apparaît en fin de compte comme un paradoxe à géométrie variable : s’il est appliqué, c’est toujours uniquement dans l’espoir de la réciprocité ; et si la sophistication récente des armements permet d’envisager, par exemple, une meilleure protection des non-combattants, sa mise en œuvre devient alors une arme de propagande.