En juillet 2007, le financier britannique – ex-canadien – Conrad Black est condamné par un tribunal états-unien à 6 années et demie de prison, qu’il purge depuis en Floride. Cet essai propose de lire cette condamnation comme un dommage collatéral de la bataille pour la moralisation du monde de la finance, qui a pris naissance aux Etats-Unis au tournant du siècle à la suite de divers scandales (notamment Enron et Worldcom), où les actionnaires ont été spoliés par des dirigeants d’entreprise. Il présente Conrad Black comme un produit exemplaire d’une certaine mentalité d’affaires développée dans la colonie britannique du Canada, faite de l’avidité d’aventuriers forts de leur sentiment d’être hors du commun et aspirant à réussir aux colonies pour mieux être anoblis et reconnus à Londres. Cette culture s’est heurtée, aux Etats-Unis, dans un contexte de crise croissante de la gouvernance des activités financières – l’affaire judiciaire Black a débuté en 2003 –, à une autre culture du business, tout aussi féroce, mais qui a appris, elle, à gérer et même à utiliser les conséquences morales de l’égalité démocratique.