La presse française traite de la crise ukrainienne principalement au prisme de l’antagonisme ethno-culturel mettant aux prises les Ukrainophones catholiques à l’Ouest et les Russophones orthodoxes à l’Est. Au gré de l’implication de Moscou, dont témoigne le sort de la Crimée, elle y voit alors un affrontement géopolitique entre la Russie et les Occidentaux, qui marque le retour de la Guerre froide. Aussi, en minorant les échelles locale et nationale, cette lecture « géopolitique » marginalise-t-elle la part importante des luttes à Kiev et surtout dans le Donbass pour le contrôle des ressources minières et sidérurgiques du pays, objets de convoitises et de conflits en Ukraine depuis le XIXe siècle.