Cet article explore les liens entre les gouvernements et les médias en Amérique du Sud entre 2002 et 2019 en s’appuyant sur les cas de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, de l’Équateur et de l’Uruguay. Les gouvernements du « tournant à gauche » de la région au début du siècle ont publiquement remis en question le rôle des grands groupes médiatiques de leur pays en les désignant comme un élément central de leur opposition. Cependant, ils ont aussi essayé de ne pas entrer en conflit avec ces acteurs afin de ne pas nuire à la façon dont ils seraient représentés dans les médias. Après avoir atteint chacun un point de rupture, ces gouvernements ont mis en place des politiques de régulation qui, à la différence de ce qui s’était produit historiquement, ont affecté les conglomérats médiatiques. À la suite du tournant à droite amorcé en 2015 dans certains pays, ces groupes privés ont de nouveau eu une influence directe sur les politiques menées dans le secteur, en alliance avec les nouveaux gouvernements qui attendaient, en contrepartie, de recevoir un bon traitement dans les médias. Malgré l’avancée des supports numériques et des réseaux sociaux, les médias traditionnels sud-américains sont encore considérés comme un facteur-clef de la gouvernabilité.