Les formes et la pratique du renseignement en France depuis les années 1990. Structures, acteurs, enjeux

Partager sur :

Passer de la défense nationale à la défense a mis plus de vingt ans (1972-1994). Passer de la défense à la défense et à la sécurité nationale s’inscrit dans la continuité d’une seconde période de plus de vingt ans de sortie de la Guerre froide, des années 1990 à nos jours. Les politiques publiques en matière de renseignement avaient fait porter l’effort, au sortir et pour sortir de la Guerre froide, sur le militaire. Il porte désormais sur le civil. Cela s’inscrit dans le cadre d’une sécurité nationale dont la trace et la marque sont fondées sur un nouveau paradigme : de la défense des frontières à la défense sans frontières…, avec le renseignement comme premier front de la défense et de la sécurité nationale. Dans le même temps, le resserrement administratif, la concentration politique et opérationnelle, la contraction du temps politique aboutissent à un changement de nature de l’exercice de la « fonction » renseignement, alors que son champ connaît une extension croissante. Il en résulte une meilleure articulation entre la sécurité intérieure et la sécurité extérieure, une meilleure coopération avec les services alliés, une plus grande proximité et donc une plus grande dépendance vis-à-vis du pouvoir politique. A lui revient le devoir de rechercher un juste équilibre entre les impératifs de sécurité de la nation, en s’appuyant sur les services de renseignement, et la protection des libertés individuelles, qui s’attache à l’Etat de droit.

Tristan LECOQ

Normalien, agrégé d'histoire, Tristan Lecoq est Inspecteur général de l'Education nationale (histoire-géographie) depuis 2003 et professeur des universités associé (histoire contemporaine) à l'Université Paris IV Sorbonne depuis 2007 où il enseigne l'histoire militaire et maritime et l'histoire de la défense et de la sécurité nationale de la France. Il a été conseiller pour les études générales de défense auprès du ministre d'Etat, ministre de la défense (1993-1995) et pour l'Education nationale, l'enseignement supérieur et la recherche auprès du Premier ministre (2005-2007). Membre du Centre Thucydide, il est secrétaire général de son conseil d'orientation