Les grands médias français face au conflit israélo-palestinien depuis la seconde intifada : difficile neutralité

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Résumé La question israélo-palestinienne est entrée dans une nouvelle phase critique le 28 septembre 2000, lorsque Ariel Sharon, chef du Likoud, a pénétré sur l’Esplanade des Mosquées-Mont du Temple, à Jérusalem. Dans le contexte dégradé issu de l’échec des négociations de Camp David 2, qui avaient réuni Yasser Arafat et Ehud Barak sous la médiation de Bill Clinton en juillet 2000, ce geste fut considéré comme une provocation. L’escalade de la violence reprit : surveillance policière accrue, déplacements et activités entravés, émeutes, combats de rue, attentats et représailles. Le 12 octobre 2000, deux soldats israéliens étaient lynchés à Ramallah, le 8 décembre de violentes émeutes marquaient le treizième anniversaire de la première Intifada. Jour après jour, deux peuples souffrants se trouvaient pris dans une spirale où alternent accès de violence meurtrière et brefs moments de calme. La « seconde Intifada » venait de débuter, après la période d’apaisement qu’avait ouverte la reconnaissance mutuelle d’Israël et de l’Organisation de Libération de la Palestine en septembre 1993. Le fait majeur qui nous intéresse ici est que cette « affaire » bénéficie, et bénéficiait déjà avant septembre 2000, d’une médiatisation hors du commun en France. La question israélo-palestinienne est, sur le long terme, en tête des préoccupations des médias, devant toute autre question extérieure ou intérieure. De 1995 à 2002, elle occupe, pour s’en tenir aux deux principales chaînes télévisées hertziennes, 3,3 % de l’ensemble de l’information diffusée dans les journaux de 20 h sur TF1 et France 2. Depuis janvier 2000, chacune des rédactions diffuse en moyenne près d’un sujet sur la question. S’il arrive que d’autres affaires dépassent ces chiffres, aucune ne le fait durablement. Le graphique ci-après montre la progression de la part prise par le conflit au Proche-Orient depuis 1997, progression qui se fait aux dépens d’une multitude d’affaires concurrentes offertes au choix des rédactions. Les années 2000 et 2001 égalent l’année sanglante 1996, pourtant marquée par des attentats palestiniens meurtriers en février-mars, l’opération israélienne « Raisins de la colère » en avril, l’élection de la coalition de droite de Benjamin Netanyahou en mai, et les violences liées à l’ouverture d’un tunnel israélien en contrebas de l’Esplanade des Mosquées en septembre. L’année 2002 devrait dépasser largement 1996, comme le montre la courbe prévisionnelle en pointillé. – Le sommaire de l’AFRI 2003