L’année 2008 a été marquée par une mise entre parenthèses des perspectives euro-atlantiques de la République de Macédoine. Le veto imposé par la Grèce à l’entrée de ce pays dans l’OTAN, au mois d’avril, en raison de leur différend persistant sur l’usage concurrent du terme « Macédoine », s’annonce d’ores et déjà lourd de conséquences. Transposé dans un cadre européen, ce blocage vient saper les deux principales dynamiques ayant mobilisé les autorités – depuis l’adoption des Accords d’Ohrid à l’été 2001 – dans la conduite de réformes essentielles visant, entre autres, à faire de la République de Macédoine un modèle de société multiethnique et d’équilibre politique. Si le pays est sans aucun doute moins fragile qu’il n’y paraît, on peut craindre que les nouvelles contraintes posées au pays ne remettent en cause les équilibres internes délicatement atteints. A terme, cette évolution est susceptible de fragiliser durablement le pays, d’accroître les frustrations et de réactiver à nouveau ses modes d’expression (fédéralisme, séparatisme…) les plus néfastes pour lui-même, pour l’ensemble de la région, comme pour la capacité de l’Union européenne – déjà mise à mal – à gérer efficacement son voisinage immédiat.