Réflexions sur le néo-protectorat

Partager sur :

Les premiers protectorats sont apparus aux environs de 1500 avant Jésus-Christ, pour permettre au nouvel empire d’Égypte de gouverner ses lointains vassaux avec un minimum de ressources. Depuis lors, leur succès n’a jamais faibli. Dans leur variante la plus commune, les protectorats reposent sur un gouvernement fantoche étroitement contrôlé par une puissance étrangère. Dans une nouvelle variante apparue dans les Balkans à la fin du XXe siècle, qu’on pourrait appeler « néo-protectorat », le protecteur est collectif – issu de l’Organisation des Nations Unies ou d’une coalition multinationale – et son représentant local est une administration internationale ad hoc, dont la mission est de construire – ou de reconstruire – un État viable, puis de s’en aller. Si le néo-protectorat est présenté comme une alternative au protectorat classique, c’est parce qu’il repose sur le postulat qu’une démocratie peut fonctionner sans le peuple, ce manque étant compensé en l’espèce par une dose plus forte de gouvernance multilatérale et de pression médiatique. Cependant, il s’agit là d’une utopie juridico-politique.