Le déclenchement de la révolte syrienne en mars 2011, dans le sillage du « Printemps arabe », a suscité un grand intérêt pour ce pays qui, jusque-là, avait été peu étudié. Cependant, peu de travaux ont replacé sérieusement dans son contexte le conflit actuel et ont réussi à identifier les facteurs ayant contribué à mettre en marche une contestation populaire massive contre le régime baathiste. Cet article a pour objectif de combler ce vide en proposant une relecture du système syrien des années 2000 et en revenant sur les premiers mois de la révolte. Nous défendrons la double hypothèse selon laquelle, dans le cadre d’une nouvelle ingénierie politique de pouvoir, le contrat social à caractère populiste et inclusif, qui régissait jusqu’alors les relations Etat-société, aurait été abandonné sous la présidence de Bachar al Assad, revirement qui aurait été un terreau fertile pour la révolte. Pour autant, cela n’a pas suffi à lui seul à déclencher le processus révolutionnaire dans le pays.