La fin des grandes idéologies, la mise en cause de repères traditionnels (patrie, nation, etc.), l’existence de nouvelles formes d’allégeance (groupes, régions, mouvement transnationaux, etc.), l’apparition de nouvelles normes sociétales, les bouleversements dans les moyens de communication de masse vont altérer et sans doute affecter durablement la stabilité internationale. En outre, les risques d’affrontements interétatiques cohabiteront vraisemblablement avec des risques de prolifération d’Etats «effondrés», caractérisés par une désorganisation interne, des conflits interethniques ou religieux, une insuffisance de développement économique et une classe dirigeante corrompue. En leur sein se développeront des «zones grises», que le pouvoir central ne contrôlera plus et qui pourront offrir aux mafias et aux groupes terroristes des havres de sécurité où ils pourront prospérer comme l’a déjà démontré le cas de l’Afghanistan. Ces déséquilibres et tensions, qui caractériseront très vraisemblablement la scène internationale, pèseront avec force sur la définition des politiques de défense, sur la transformation du champ de l’Alliance atlantique et sur l’apparition de structures de coopération militaire spécifiques. La recomposition de l’OTAN «traditionnelle» en une OTAN «post-Guerre froide» est d’ailleurs amorcée. Les premières phases de cette évolution sont cahotantes et fondées sur l’ambiguïté, puisqu’elles se traduisent par une alliance dont le champ d’action géographique n’est plus de facto défini par l’article 6 du Traité de Washington et par une alliance dont la vocation n’est plus seulement de contrer une menace militaire, mais aussi de défendre des principes et des valeurs. L’OTAN acquiert ainsi une mission éminente qui pour autant est extrêmement floue. Ce flou autorise tout type d’action lorsqu’elle estimerait voir ses valeurs menacées. C’est enfin une alliance potentiellement risquée, dans l’hypothèse où les Etats-Unis deviendraient de moins en moins réceptifs aux argumentations de leurs alliés, comme l’a démontrée la crise iraquienne du printemps 2003. Si l’OTAN tend à voir, hormis le cas du recours à l’article 5, son rôle militaire se réduire, une autre structure, le MIC, qui regroupe six pays de l’Alliance, devient centrale dans la définition de nouveau mode d’opérations et donc de définition de concepts, doctrines et capacités militaires. Le MIC est ainsi devenu le forum multinational majeur pour parvenir à une plus grande efficacité des opérations en coalition. C’est désormais la plus réactive des structures militaires occidentales. – Le sommaire de l’AFRI 2005