Fin 2009, l’enlèvement sur une des principales routes de Mauritanie d’humanitaires espagnols ou encore la spectaculaire affaire du Boeing 727 chargé de cocaïne sud-américaine qui s’est écrasé au redécollage d’une escale au Nord-Mali sont autant de manifestations de la situation dégradée que connaît le Sahel occidental. Parfois qualifié de «zone grise», cet espace situé entre Atlantique et lac Tchad, entre Sahara et fleuves Sénégal et Niger, est affecté par diverses menaces qui en on fait une préoccupation internationale majeure depuis 2007. L’essor des enlèvements et assassinats d’Occidentaux revendiqués par Al Qaïda au pays du Maghreb islamique s’y cumule à celui des trafics divers (drogues, armes, traite trop souvent inhumaine des migrants africains) et à la résurgence d’insurrections armées dites touarègues – en réalité largement affairistes –, instrumentalisées dans le cadre de la lutte d’influence algéro-libyenne. Cette problématique est complexe. D’abord sécuritaire, elle est cependant indissociable de la notion de gouver- nance dans des Etats vastes (3 millions de km2 semi-désertiques), situés au bas du tableau de l’Indice de développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) (1). Le fait que le chapelet de crises intérieures soit inscrit dans des dynamiques transnationales est, ce faisant, un facteur déterminant en ce qu’il limite l’efficacité d’une implication d’instances régionales ou continentales africaines ou d’organisations internationales spécialisées.